” Une année de plus, une année de moins, cette nouvelle vendange est la quarantième pour moi,
ça serait idiot de dire que je ne les ai pas vu passer !
En 1984, j’étais en “stage vendanges” chez le voisin dans le cadre de mon BEP, mon père venait de mourir au printemps. Grand duduche adolescent, je découvrais le monde du travail à quinze ans…
tout un long chemin pas bien goudronné, parsemé d’embuches pour arriver à 2024.
Cette année, c’est ma mère qui vient de partir emmenant avec elle toute une vie de labeur et de savoir-faire culinaire inégalé qui a ravi tant de palais.
Septembre est là, mais la sérénité n’est toujours pas au rendez-vous, comme toujours…
le grand “jeu” du vigneron étant de faire corps avec le millésime, de le comprendre, de s’y adapter, et là, on ne peut pas dire que la routine nous guette !
Une météo qui fait le yoyo, des écarts de maturité importants, l’incertitude d’une nouvelle équipe de vendangeurs qui s’avère être sympa, bigarrée et internationale, comme j’aime ! un moyen si beau de voyager un sécateur à la main ..
mais c’est aussi un rendez-vous avec des raisins qui fermentent, les odeurs familières de chaque parcelle qui se révèlent au fil des jours de macération, une vie intérieure où chaque geste pèse du poids des ans, de l’expérience (somme d’erreurs !) mais donne aussi accès à une forme de pensée instinctive qui est le fait des gens qui travaillent dans la solitude, avec parfois la musique de JJ Cale en fond sonore.
Ce que je vais faire de ce millésime, je ne sais pas encore et c’est tout là l’intérêt de la chose, car l’espoir est toujours là !
Bien à vous,
Eric Bouletin”